Rencontre avec l’Association du “Camino”

La Via Podiensis (GR65) est l’itinéraire le plus fréquenté des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Au départ du Puy-en-Velay, ce sont plus de 25 000 pèlerins qui prennent le départ chaque année. Situé au pied de la cathédrale Notre-Dame de la cité ponote, « Le Camino » est tout d’abord un lieu d’accueil et de rencontres pour les pèlerins mais aussi un espace-musée pour les touristes ou les visiteurs.

Rencontre avec Gilles Chalaye, président de l’association et Dominique Bourgin, l’unique salariée

Depuis quand le Camino existe-t-il et quelle est sa vocation ?

Au cours des années 90, il y a eu un renouveau du chemin. De plus en plus d’associations se sont créées comme les Amis de Saint-Jacques ou encore les comités de randonnées. On a ainsi donné une autre tonalité à la marche.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer la hausse de la fréquentation : en 1987, le Conseil de l’Europe a désigné le chemin de Compostelle comme étant le « premier itinéraire culturel européen ». De plus, en 1989 les IV^e Journées mondiales de la Jeunesse (JMJ) ont réuni 400 0000 jeunes suite à l’invitation du Pape Jean-Paul II.

C’est notamment suite à ce message que Monseigneur Henri Brincard, ancien évêque du Puy-en-Velay (1988-2014), a repris cette idée pour asseoir la ville du Puy-en-Velay comme un point important de départ du pèlerinage vers Compostelle. Il fût alors à l’initiative de ce nouveau projet et décida de créer un lieu unique basé sur l’hospitalité et la convivialité.

Ainsi, en 2008 l’association éphémère est créée : Le Centre Européen Saint Jacques. Son but sera d’organiser la recherche de mécènes et les travaux de réhabilitation des lieux. En effet, c’est l’hôtel de Saint Vidal qui sera réaménagé pour accueillir ce nouveau lieu d’accueil dans la capitale ponote.

« Le Camino » a ouvert ses portes le 12 juillet 2012 et les travaux se sont achevés le 28 mai 2016.

Aujourd’hui, ce lieu répond à plusieurs objectifs : accueillir les pèlerins, marcheurs et sensibiliser les gens de passage, les visiteurs au Puy-en-Velay.

Quelles sont les motivations des marcheurs que vous rencontrez ?

Au Camino on accueille divers profils de personnes : des personnes handicapées, en fin de vie, en période de deuil ou d’épuisement professionnel « burn-out ». Certains viennent aussi pour fêter des moments heureux comme l’arrivée d’une naissance, un voyage de noces ou bien l’entrée dans la retraite.

« Depuis que je suis là, je suis toujours étonnée d’entendre les gens se lâcher aussi facilement sur leurs motivations à prendre le chemin. Nous, nous écoutons, nous ne sommes pas là pour juger ; qu’est ce qu’on ferait à leur place, on ne sait pas. » raconte Dominique.

Est-ce que le fait d’être une année jacquaire a un impact important ?

Oui, cela a un fort impact concernant la fréquentation des chemins. En chaque année sainte, on s’attend à recevoir plus de monde que les années précédentes. Effectivement on en entend beaucoup parler pour le monde des chrétiens mais moins auprès du grand public. Une année sainte est sûrement une occasion, une motivation en plus pour certains. Cela peut encourager à la fois ceux qui n’avaient pas encore entendu parlé du chemin et ceux qui ont l’habitude de le faire et qui profitent de cette année jacquaire pour y retourner faire un bout de chemin.

Avez-vous de futurs projets de développement ?

Nous aimerions beaucoup créer des partenariats avec d’autres sites touristiques de la ville du Puy-en-Velay pour attirer plus de visiteurs et nous faire davantage connaître. De plus, nous sommes régulièrement à l’affût de nouvelles expositions temporaires afin de les renouveler. Par ailleurs, nous ne souhaitons pas forcément agrandir nos locaux. Nous préférons rester en l’état et maintenir le lieu afin de pouvoir accueillir au mieux nos visiteurs.

Un conseil pour les futurs pèlerins qui souhaitent prendre le chemin ?

« En avant !» Je dirai que l’idéal est de le faire en entier pour réellement s’imprégner de tout ce que le chemin peut apporter à l’âme (Gilles). Pour ma part, je conseillerai de partir plutôt seul afin de se retrouver avec soi-même. En solitaire vous êtes plus à même de rencontrer et d’aller à la rencontre des autres (Dominique).

Parmi tous les témoignages que vous avez pu écouter depuis toutes ces années, avez vous une anecdote ?

(Dominique) Ce qui me marque le plus c’est quand je vois partir des grand parents avec leur ados ou leurs petits enfants. Je me souviens notamment d’un couple de retraités accompagné de 4 jeunes presque du même âge !

(Gilles) Ce qui me marque ce sont les départs entre frères et sœurs. Je me souviens un jour avoir rencontré un monsieur qui venait tout juste d’être à la retraite le vendredi et qui prenait le chemin le lundi d’après.

www.lecamino.org

Crédit photos: Luc Olivier