L’entreprise Open studio, située au Puy-en-Velay, a développé un système de ruches connectées. Dans son laboratoire de recherche en intelligence numérique, elle se met au service des apiculteurs. Ils peuvent ainsi collecter en temps réel les données qui sont fournies par des capteurs. On peut déterminer avec précision le taux d’humidité, la pression atmosphérique, les variations de poids de la ruche et l’état de santé de l’essaim. Nous avons rencontré Emmanuel Nurit, le directeur d’Open Studio et Nicolas Bréard, ingénieur en électronique.
Quelle est la principale activité d’Open Studio ?
Emmanuel Nurit : Notre entreprise est basée sur le numérique. Nous sommes spécialisés depuis longtemps dans le e-commerce. Nous sommes d’ailleurs éditeur d’une solution e-commerce open source. On propose du développement sur mesure. Nous faisons des sites internet complexes, afin de répondre parfaitement aux besoins d’une industrie, ou d’un e-commerçant.
Pourquoi cette idée de ruches connectées ?
Emmanuel Nurit : Le projet « Mellia » est un projet de ruches connectées. On a souhaité le mettre en œuvre car on est conscient de la problématique concernant le déclin des abeilles. En effet, chaque année, 20 à 30% des abeilles disparaissent. En tant que spécialiste du numérique, on a souhaité le volet technologique en réponse à ce problème environnemental. Sur le site internet de « Mellia », on retrouve toutes les infos sur notre projet. De plus, on trouve aussi la liste du matériel nécessaire pour la réalisation de ruches connectées, ainsi qu’un blog sur l’actualité de l’apiculture. Enfin, cela permet également à celles et ceux qui le souhaitent, de contribuer financièrement du projet.
C’était important pour vous de proposer cette solution en open source ?
Emmanuel Nurit : Oui, car on développe énormément de produits à l’open source et pour l’open source. On a même créé un fonds de dotation pour concrétiser ce projet de ruches connectées. Il est “open hardware”, c’est-à-dire que les gens peuvent se procurer librement les données de la carte que l’on a fabriqué avec des composants. Ce fonds de dotation nous permet de faire un appel aux donateurs qui sont sensibles à la biodiversité. Ils peuvent avoir comme nous des engagements de responsabilité sociale de l’entreprise.
Quel est le principe ?
Nicolas Bréard : Il s’agit de disposer des capteurs aux abords et à l’intérieur d’une ruche, afin de faire remonter des informations, à distance. Grâce à cela, les apiculteurs peuvent suivre l’activité des abeilles, et leur vie. On peut connaitre ainsi le taux d’humidité de la ruche et donc l’état de maturation du miel, ou encore la température de la ruche. Cela leur permet d’identifier des activités anormales, comme un essaimage, et tout cela à distance, afin qu’ils n’aient pas besoin de se rendre sur place pour constater la situation. Cela leur évite de faire des kilomètres, surtout si leurs ruches sont placées loin de chez eux. On comprend l’intérêt que cela peut avoir avec le prix actuel des carburants !
Où sont-elles implantées ?
Emmanuel Nurit : On a voulu impliquer plusieurs écoles de la ville du Puy-en-Velay, dans le cadre de ce projet, afin de sensibiliser les enfants à la problématique de la biodiversité. Ce sont eux, d’ailleurs, qui les ont peintes. Elles sont disposées au centre de loisirs Bel Air, ainsi qu’à l’école de la Calendreta qui dispose d’un verger ce qui est parfait pour la production du miel. Il y en a une dizaine au total.
C’est un projet expérimental ?
Emmanuel Nurit : Ce sont en effet les premiers prototypes. On en a déjà que l’on a mis en expérimentation, mais ceux-là vont permettre de réaliser des tests à plus grande échelle. Cela nous permettra de collecter les données, et de les analyser.
D’autres projets par rapport à ces ruches connectées ?
Nicolas Bréard : Oui, car l’un des objectifs de ce projet est de mieux comprendre les abeilles. On veut s’intéresser à la manière dont elles communiquent, autrement que pour essayer de trouver de la nourriture. On connait la fameuse « danse en 8 » des abeilles qui a valu à Karl von frisch un prix Nobel dans les années 70. De plus, nous savons qu’elles communiquent via des vibrations, à travers, par exemple, le chant de la reine. Et puis, il y a les phéromones, dont on a tous entendu parler un jour. Il faut savoir qu’il y a énormément de signaux chimiques transmis dans les colonies, que ce soit au niveau des mécanismes de défense, ou bien au niveau de la régulation de la reproduction. On a donc constaté qu’il y avait un vide dans la captation de ces phéromones. Notre objectif est de fabriquer un nez électronique pour mieux comprendre le fonctionnement des abeilles grâce aux phéromones de la reine. Cela permettrait aux apiculteurs d’avoir des informations sur la qualité de la reine qui se trouve dans la ruche, si elle est encore en état de se reproduire, ou bien s’il y a des parasites.
”Open Studio
4 rue du Pensionnat Notre Dame de France
43000 Le Puy-en-Velay
Tél : 04 82 53 93 13
Crédit photos : Velay Attractivité