Ils ont laissé tomber les boulevards parisiens en 2016 pour s’installer dans le Velay. Fabrice et Véronique Dumond ont tout quitté pour cultiver du safran à Polignac. Au Relais de Polignac, on retrouve leur production d’or rouge, à travers une gamme de produits transformés.
Pourquoi avez-vous décidé de tout quitter pour vous installer dans le Velay ?
Fabrice Dumond : Tout est parti d’un accident de la vie en région parisienne. J’ai été licencié de l’imprimerie dans laquelle je travaillais depuis 25 ans. Avec ma femme et deux enfants en bas âge on s’est demandé si l’on avait encore envie de cette vie parisienne. Et c’est là que l’on a pris la décision de partir de la région, de changer de vie et de changer de métier. On aurait pu faire de la truffe, du champignon ou du caviar. Mais nous avons choisi le safran qui est un produit avec une vraie valeur ajoutée. On a fait une étude géologique et géographique pour savoir où est-ce que nous allions nous implanter. Entre Bordeaux et Grenoble, on a choisi Polignac. C’est la bonne latitude avec une terre remplie de pouzzolane. Tout convient au safran ici et voilà d’où est partie l’idée.
Comment faites-vous pour produire du safran de qualité et que donne votre récolte ?
Ce qui est intéressant au niveau du safran, c’est que c’est une culture perdue pour la France. En 1789, la France produisait plus de 30 tonnes de safran et plus particulièrement dans le Gatinais. Un édit de Louis XVI avait géolocalisé la production de safran en France dans la région de Pithiviers. Aujourd’hui nous sommes à peu près 200 producteurs et on réalise à peu près 20 kilos de production. Dans un même temps, on importe 10 tonnes, et on exporte 5 tonnes, cherchez l’erreur ! Le safran est un produit à forte valeur ajoutée et financier qui transite entre les pays avec des qualités différentes. En France il est de qualité 1, alors que 90% de la production vient de l’Iran et du Maroc en qualité 3. Comme c’est une culture perdue pour la France, ça nous intéresse de remettre la France au niveau de production qu’elle avait avant. Nous avons l’ambition d’atteindre les 3 hectares de production et de devenir le 2è plus gros producteur français !
Que vous apporte le label « Producteur Artisan de Qualité » délivré par le Collège Culinaire France ?
C’est tout nouveau alors on ne peut pas encore savoir ce que cela va nous apporter, en revanche on partage des valeurs. On veut des produits qui soient sains, bons et cultivés écologiquement. C’est pour toutes ces valeurs que l’on s’est rapproché du Collège Culinaire sur les conseils du chef François Gagnaire. Ce dernier avait présenté notre liqueur de safran, le produit phare que l’on met en avant. On est en train de travailler sur d’autres produits notamment une Vodka 100% Haute-Loire, avec « Alti Distillerie ». Enfin, on travaille également avec le chef Guillaume Fourcade sur des opérations ponctuelles.
Le safran de Polignac peut-il être une vitrine gastronomique du Velay ?
On peut vendre du safran brut en pistils, plutôt à destination culinaire, mais derrière, il y a toute la transformation du produit. On est en train de mettre au point une terrine avec les abattoirs de Polignac, on va faire nous-même un Gin au safran. Avec une vigneronne de Tarascon on va tenter un vin blanc au safran. La sortie financière du safran, ce sont vraiment les produits transformés. J’espère que Polignac deviendra effectivement une vitrine gastronomique du Velay, ce serait une consécration, parce que le jour où on parlera du safran de Polignac comme un produit phare de la Haute-Loire et du Velay, c’est qu’on aura réussi, mais en attendant, croisons les doigts !
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Crédit photos: Velay Attractivité